La citoyenneté á part entière, point final !


Le chroniqueur André Picard a écrit dans le Globe and Mail : «  ce qui est  fondamental, c’est la question de citoyenneté :  si nous  croyons réellement aux  droits et à  l’égalité, alors les personnes handicapées doivent être des citoyens à part entière.  Autrement dit, elles doivent pouvoir participer pleinement et en toute égalité  à tous les secteurs de leur communauté. » En 2015, le Premier Ministre a chargé la ministre des Sports et des Personnes handicapées d’élaborer une loi pour rendre le Canada accessible à tous les Canadiens en situation de handicap. »

Cette demande de pleine citoyenneté ne peut être plus urgente ni plus opportune.  L’honorable Kristy Duncan, ministre des Sports et des Personnes handicapées, doit déposer une loi fédérale sur l’accessibilité lors de la session parlementaire actuelle.  Et les députés fédéraux devront s’y attaquer de front. 

L’an passé, l’Alliance pour un Canada inclusif et accessible, organisation chapeautant seize organisations nationales de personnes handicapées, a consulté les Canadiennes et les Canadiens quant aux éléments à inclure dans la nouvelle loi.  

Qu’avons-nous appris ?

Nous avons entendu des personnes handicapées dénoncer les nombreux obstacles auxquels elles étaient confrontées, des obstacles   physiques, institutionnels et plus spécialement, comportementaux. 

À travers le pays, les gens ont réclamé une loi pour éliminer ces obstacles de manière holistique et sur une vaste échelle ;  ainsi, les  Canadiens ayant divers types de déficiences pourront  profiter  pleinement  de leurs droits de citoyen.  Nul ne devra être oublié dans le faisceau de  cette loi qui forcément éclairera les communications, l’éducation, l’emploi et l’accès à l’emploi, les transports et le système  électoral. 

Il arrive souvent aux voyageurs aériens se servant d’aides à la mobilité, d’arriver à destination et de retrouver un fauteuil roulant inutilisable parce que trop endommagé.   Or, en général, les fauteuils roulants sont adaptés aux besoins de l’utilisateur. Louer un fauteuil de rechange ne peut être qu’un palliatif inadéquat.   Ces voyageurs revendiquent donc une loi sur l’accessibilité qui obligera les transporteurs réglementés par le fédéral à améliorer leur service à la clientèle.
Contrairement aux Canadiens ayant une vision normale,   les électeurs ayant une déficience visuelle ne peuvent, en toute confidentialité,  vérifier s’ils ont bien rempli leur bulletin de vote.  La loi sur l’accessibilité pourrait modifier la Loi électorale afin de proposer des solutions de rechange au bulletin-papier.

Les Canadiens Sourds n’obtiennent pas toujours facilement les informations en  ASL/LSQ.  Ils ont recommandé que la loi sur l’accessibilité reconnaisse la langue des signes comme langue officielle du Canada.  Cette mesure a déjà été prise par la Nouvelle-Zélande et par plusieurs autres pays.

Une immense barrière à caractère socio-économique s’est érigée à travers le pays:  c’est la  pauvreté, dont  l’incidence est disproportionnée chez les personnes en situation de handicap.  Tant que le crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH) ne sera pas remboursable, les personnes en situation de handicap  à faible revenu s’englueront  dans la pauvreté  à force de devoir payer les nécessités de base :  les aides techniques, la technologie informatique adaptée et les autres biens et services indispensables dont elles ont besoin pour vivre.  Tout comme la TPS, le CIPH pourrait être converti en un crédit remboursable, d’une valeur maximale équivalente de 2 000 $ par an. (Ce qui inclut le montant actuel versé par le fédéral et une valeur moyenne théorique provinciale/territoriale).  Toute personne  admissible au CIPH devrait en percevoir le plein montant, quel que soit son revenu ou sa situation d’emploi.  Un CIPH remboursable compenserait les dépenses supplémentaires liées aux limitations fonctionnelles des personnes admissibles vivant dans la pauvreté. 

Lors de nos déplacements à travers le pays, nous avons pu sentir  les très fortes attentes des Canadiens  vis-à-vis de la loi sur l’accessibilité.  Nous attendons cette loi depuis l’adoption de l’American with Disabilities Act (1990) et encore plus depuis la récente ratification canadienne de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Nous attendons que le Canada crée un cadre législatif pour éliminer les  obstacles connus et en prévenir de nouveaux.  . Une loi fédérale sur l’accessibilité peut rapidement améliorer la vie des Canadiens handicapées en optimisant l’accès à l’emploi, aux services et autres secteurs relevant du fédéral.

Sous le leadership d’un Premier Ministre qui se décrit comme un défenseur progressiste de l’égalité   et de l’accessibilité, les Canadiennes et les Canadiens en situation de handicap ont été laissés pour compte.  Mais le temps est venu de leur garantir la pleine citoyenneté.  Cet objectif doit être atteint !  La loi sur l’accessibilité en est un excellent vecteur ! 

Steven Estey
Coordonnateur
Alliance pour un Canada inclusif et accessible