3 avril 2017 - Genève

Par Jewelles Smith

C’est mon deuxième jour à Genève où, malgré un voyage extrêmement mouvementé et retardé à deux reprises, je suis arrivée saine et sauve. 

Le premier soir, neuf d’entre nous se sont retrouvés pour souper et, malgré le décalage horaire, nous avons entamé nos préparations pour la réunion du dimanche 2 avril.  À midi, j’ai rencontré Steve Estey et Juan Perez Bello (International Disability Alliance) pour préparer la première réunion de notre délégation (ou, comme j’aime l’affirmer, réunion de planification de la réunion de planification).  Nous avons discuté pendant pratiquement deux heures des démarches à approfondir avec notre délégation.  Notre séjour à Genève en septembre dernier nous a permis, à Steve et à moi, de mieux comprendre les bases que nous devions jeter pour préparer notre intervention auprès du Comité des droits des personnes handicapées. 

À 14 h 00, quatorze (14) OPH et ONG canadiennes se réunissaient avec quatre interprètes en langues des signes, plus une personne de l’IDA et douze observateurs japonais, afin de discuter de nos plans pour les deux jours suivants.     En vue de l’examen du rapport du Canada, nous avons pu rencontrer les membres du Comité, soit individuellement soit collectivement.  Nous voulions les sensibiliser aux problèmes affrontés par les Canadiennes et les Canadiens en situation de handicap.    Notre groupe est un groupe très passionné.  Après quatre heures et demie d’intenses délibérations, nous avons établi une stratégie d’intervention.  Tout le travail que nous avions fait l’an passé et juste avant cette semaine a certainement pavé la voie de notre processus de planification, notamment en précisant nos priorités en tant que groupe de personnes en multiples situations de handicap, représentant tant d’intérêts divers au Canada.

Puisque demain nous ne rencontrerons le Comité que pendant une heure, Frank Folino a articulé les évidents défis qui nous attendent :  les représentants du gouvernement auront six pleines heures de discussions avec le Comité de la CDPH.  Nous n’en aurons qu’une et de possibles rencontres bilatérales avec des membres individuels du Comité pour nous attaquer à la longue liste des préoccupations des ONG et OPH.

J’aimerais remercier Juan Perez Bello, notre guide et notre mentor.  Ce n’est pas facile de gérer tant de personnes.  Si plusieurs de nos questions s’entrecoupent et se dégagent comme questions d’intérêts pour les personnes handicapées du Canada, nous avons tous des points particuliers ; nous sommes venus de loin pour les soumettre au Comité et chacun d’entre eux espère pouvoir s’exprimer à ce sujet.  Ce n’est donc pas facile d’atteindre un consensus.   Il est juste d’affirmer que les personnes en situation de handicap n’ont pas la chance d’articuler leurs préoccupations de façon à ce qu’elles soient entendues.  Or cette chance, nous l’avons à présent.  Je remercie notre délégation de son excellent travail aujourd’hui en ce qui a trait à notre stratégie.

Demain, nous rencontrerons le Comité en séance privée.  Nous ne pourrons donc ni tweeter ni envoyer des extraits ni du contenu.  C’est pour nous l’occasion rêvée de dialoguer sérieusement avec les membres du Comité qui se préparent à questionner le Canada sur les mesures prises jusqu’à présent vis-à-vis de la CDPH et sur les prochaines étapes.

Les nombreux rapports soumis par  les OPH et ONG sont disponibles sur le site http://tbinternet.ohchr.org/_layouts/treatybodyexternal/SessionDetails1.aspx?SessionID=1141&Lang=en et le rapport du Canada à : http://tbinternet.ohchr.org/_layouts/TreatyBodyExternal/Countries.aspx.

Si vous désirez regarder les sessions publiques, cliquez sur ce lien (tenez compte du décalage horaire pour l’heure des sessions à Genève).  Vous pourrez ultérieurement regarder les vidéos qui seront postés.  Pour les sessions en langues des signes :  http://bit.ly/2ml0DZ4.

Nous avons tous convenu hier que l’une des forces des OPH canadiennes était notre engagement envers l’intersectionnalité.   Nous sommes bien conscients au Canada que des groupes spécifiques se heurtent à de multiples obstacles et que la discrimination réelle se décuple quand ces obstacles s’entrecoupent.  Nous reconnaissons que les personnes en situation de handicap qui émargent à l’un ou plus des groupes suivants sont victimes de discrimination souvent ignorée, sous-financée ou corrigée :  les femmes, les peuples autochtones, les personnes Sourdes, les immigrants, les réfugiés, les enfants, les LGBTQ21+ ,  les personnes ayant des troubles psychosociaux, les personnes atteintes de maladies cognitives ou d’Alzheimer.

Nous aimerions mettre en exergue les thématiques et les principaux enjeux soulevés par toutes les organisations incluant, sans s’y limiter :   la pauvreté, le logement, l’emploi (et le chômage), la santé, l’éducation, l’inclusion, l’exclusion sociale et culturelle et enfin l’accès à la justice.  Nous savons que tous les groupes sont particulièrement vulnérables pendant les années de transition – de la prime enfance au préscolaire/garderie, de la garderie à l’élémentaire, de l’élémentaire à l’école secondaire, de l’école secondaire à la vie adulte (qui quelquefois correspond à l’enseignement supérieur, à l’emploi, à l’intégration communautaire).  Mais le plus souvent, ce sont les changements en assistance financière, en aide gouvernementale en matière de santé et d’éducation et en soutien aux familles et aux aidants naturels, qui érigent les obstacles.

Je dois aussi souligner que certains groupes n’ont pu assister à ces sessions, notamment les Francophones canadiens.   Nous les remercions sincèrement de leur contribution au rapport parallèle ainsi que de leur participation à notre délégation de septembre dernier.  Prenez le temps de lire ces rapports.  Nous avons besoin du soutien de tous les Canadiens et de nos gouvernements pour combattre la discrimination.  Nous espérons que notre gouvernement écoutera les préoccupations des Canadiens en situation de handicap et y remédiera de manière systémique, cohérente et organisée.