La Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées profitera de sa visite officielle pour examiner le bilan du Canada en matière de handicap

Steven Estey*, agent des relations gouvernementales communautaires du CCD, répond à nos questions : 

Winnipeg, MB, 2 avril 2019 – À l’occasion de la visite de la  Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées et afin de permettre à toute la collectivité des personnes en situation de handicap de bien saisir l’importance de cette visite,  le CCD a interrogé Steven Estey, agent des relations gouvernementales et communautaire.  Tout au long de sa carrière, Steven s’est attaqué aux enjeux des personnes handicapées sur la scène internationale.  

Qu’est-ce qu’un Rapporteur spécial et quel est son rapport avec les préoccupations des personnes handicapées? 

Il s’agit d’un mécanisme particulier de la procédure onusienne traitant d’une vaste gamme de problèmes et de préoccupations inhérents aux  droits de la personne. Ainsi, la Canadienne Leilani Fahra est Rapporteur spécial sur le logement convenable.  Il existe un Rapporteur spécial sur le droit à l’eau, un autre sur le droit à la santé.  Il y a même un Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République démocratique populaire de Corée.  Les Rapporteurs composent tout un éventail.  On peut en compter, je crois, entre 30 et 40 dans le système onusien.    Ces experts indépendants dans un domaine particulier sont nommés par le Conseil des droits de l’homme pour un mandat de quatre ans. 

Le Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées est un cas particulier dans le système onusien car son poste émane des Règles des Nations Unies pour l’égalisation des chances des handicapés, édictées dans les années 1980.  À l’origine, ce Rapporteur spécial était chargé de l’application de ces Règles mais avec l’adoption de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), son mandat a été modifié.  De nos jours, ce Rapporteur spécial est responsable de l’application de la Convention;  il relève directement du Conseil des droits de l’homme au lieu de se rapporter  au Conseil économique et social des Nations Unies, comme c’était le cas  lorsque son mandat était lié aux Règles pour l’égalisation des chances des handicapés.   Il est donc désormais à un niveau supérieur et plus prestigieux dans le système onusien.   

Qui est l’actuelle  Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées et comment l’avez-vous connue? 

C’est une avocate costaricaine du nom de  Catalina Devandas Aguilar.  Entre les années 2002 et 2006, à l’époque du Comité spécial pour la Convention,  Catalina était très engagée dans les négociations avec les Nations Unies.   Elle y représentait une ONG, comme moi.  Je la connais depuis cette époque.  Depuis,  elle a travaillé pour plusieurs autres organisations sur la scène internationale.

Quand arrivera-t-elle au Canada? 

Le Rapporteur spécial est en visite au Canada sur invitation du gouvernement.  Quelque part, au sein du gouvernement, il a été décidé de l’inviter à venir examiner les avancées du Canada par rapport à  l’application de la Convention. À son arrivée,  le 2 avril 2019, elle rencontrera plusieurs  dirigeants du gouvernement fédéral à Ottawa.  Puis, d’après ce que j’ai compris, elle ira discuter du projet de loi C-81 avec plusieurs  sénateurs.  Elle se rendra ensuite Toronto, Montréal, Fredericton et reviendra à  Ottawa.

Dans chaque ville, sa visite sera axée sur un point central.  Et je serai particulièrement impliqué lors de son passage à Halifax où je demeure.  Je l’aiderai à se concentrer sur l’article 19 de la Convention, le droit à l’autonomie et à l’inclusion dans la société.  Vous le savez peut-être mais un jugement de droits de la personne, récemment rendu en Nouvelle-Écosse,-  le cas Emerald Hall -,  portait sur le droit des personnes handicapées de vivre dans la communauté.  Le Rapporteur spécial ira visiter le Emerald Hall, rencontrer les protagonistes de cette affaire, des membres de la collectivité et des dirigeants gouvernementaux de la Nouvelle-Écosse.  C’est le modèle qui sera appliqué dans chacune des villes visitées :  faire des visites communautaires, rencontrer des personnes handicapées et des dirigeants gouvernementaux

En quoi la visite du Rapporteur spécial au Canada aidera-t-elle les Canadiennes et les Canadiens en situation de handicap? 

À mon avis, qu’une spécialiste externe vienne examiner les avancées, directement sur le terrain, ne peut -être que très utile.  Ce sera très instructif pour nous car, en tant qu’experte indépendante des Nations Unies non assujettie à qui que ce soit au Canada,   elle peut dire exactement ce qu’elle pense.  Et à mon avis, elle éclairera les secteurs qu’elle jugera préoccupants.  Je vais être très honnête:  en l’invitant à le faire, le gouvernement manifeste sa bonne volonté et sa détermination à ouvrir des perspectives pour l’avancement des droits des personnes en situation de handicap.  

*Steven Estey, agent des relations gouvernementales et communautaires du CCD :

Steven Estey est un ancien agent des droits de la personne de l’Organisation mondiale des personnes handicapées (Disabled Peoples’ International (DPI - OMPH), une ONG canadienne qui depuis plus de trente (30) ans œuvre sur la scène internationale pour l’avancement des droits des personnes en situation de handicap.    Président sortant du Comité international du Conseil des Canadiens avec déficiences (CCD), il a également assuré la vice-présidence du Conseil national de cette organisation.    En août 2018, Steven a été engagé par le Conseil national du CCD pour aider le personnel à assumer la transition opérationnelle après le départ du coordonnateur national vers de nouvelles aventures. 

Pendant plus de 25 ans, Steven a travaillé avec des organisations de personnes handicapées, des institutions des droits de la personne, des gouvernements, des organisations intergouvernementales et des organismes des Nations Unies, à l’avancement des droits des personnes handicapées.  Au fil des ans, il a acquis une vaste expérience en coopération internationale, développement économique, droits de la personne et des personnes handicapées.  Il a témoigné devant des comités parlementaires canadiens et s’est exprimé sur les droits de la personne et des personnes handicapées devant les Nations Unies ainsi que dans de nombreux autres  pays. 

Dès 2003 et jusqu’à l’heureuse conclusion des négociations en 2006, Steven a agi comme conseiller de la délégation canadienne aux Nations Unies, qui a élaboré la nouvelle Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).  De 2007 à 2010, il a dirigé les initiatives lancées par l’OMPH pour encourager les gouvernements de la planète à ratifier la Convention.  Après avoir quitté l’OMPH en 2010, il s’est consacré à l’enseignement et à des projets visant stratégiquement une judicieuse application de la CDPH et portant sur la pleine réalisation des droits de la personne pour les particuliers en situation de handicap.
Steve détient un baccalauréat en philosophie de l’université St. François Xavier et une maitrise en International Development Studies (Études en développement international) de l’université Saint Mary’s, deux établissements de la Nouvelle-Écosse.