L'immigration et les personnes handicapées

Le 26 mai 2010


Honorable Jason Kenney
Ministre de l’Immigration
Chambre des communes
Ottawa, Ontario
K1A 0A6


Monsieur le Ministre,

En février dernier, le CCD vous avait déjà fait part de ses inquiétudes concernant la famille Barlagne qui, à cause de leur petite fille handicapée, risque de se voir refuser le visa d’immigrant permanent au Canada. La Cour fédérale s’est récemment opposée à un examen judiciaire de la demande de résidence de la famille.

Les Barlagne sont arrivés à Montréal il y a cinq ans avec leur fille Rachel, atteinte de paralysie cérébrale. Le juge a déclaré «des cas de ce genre sont toujours difficiles à traiter, surtout quand ils impliquent une petite fille, intelligente et attachante, voire exceptionnelle selon ceux qui la connaissent.» Quand il s’agit de personnes handicapées, les règles d’immigration ne visent que la déficience et l’éventuel «fardeau excessif» que ces candidats pourraient imposer à la société. C’est un concept démodé, négatif et stéréotypé des limitations fonctionnelles. Les personnes handicapées font de remarquables contributions à la société. Es-ce que Stephen Hawking serait autorisé à émigrer au Canada s’il le demandait ou la requête de cet imminent physicien serait rejetée? Si Rick Hansen n’était pas déjà citoyen canadien, lui refuserions-nous le droit d’immigrer? Est-ce que l’honorable Steven Fletcher aurait vu sa demande de citoyenneté canadienne refusée, le cas échéant?

La Loi canadienne sur l’immigration et la clause de fardeau excessif doivent être révisés. Cette clause n’est pas appliquée aux refugiés ni aux émigrants entrant au Canada au titre de la réunification familiale. Pourtant, nous refusons à des familles, cherchant à s’installer au Canada, le droit de travailler et de créer des emplois et ce, parce qu’elles ont un enfant handicapé ou qu’un des membres a des limitations fonctionnelles. La Loi canadienne sur les droits de la personne ainsi que la Charte des droits et libertés interdisent la discrimination fondée sur la déficience, la race, la religion, l’origine ethnique, la race, le sexe et l’orientation sexuelle. Pourtant, si l’on se penche sur l’histoire de l’immigration au Canada, des candidatures ont été rejetées pour motif de croyance religieuse, d’orientation sexuelle, de race, d’origine ethnique et de sexe. Les politiques de l’immigration canadienne ont évolué au fil des ans, le visa d’immigrant n’a plus été refusé aux membres des groupes susmentionnés, à l’exception d’un seul groupe, celui des personnes handicapées. Il est temps de changer la politique.

Le CCD vous exhorte à réexaminer la clause de «fardeau excessif» de la Loi sur l’immigration, loi qui insulte les Canadiennes et les Canadiens avec des déficiences. Nos lois actuelles minimisent nos contributions et renforcent les vieux stéréotypes selon lesquels les personnes handicapées sont une charge pour notre société et non des participants contributeurs.

Le CCD vous exhorte encore à accorder le permis ministériel à la famille Barlagne pour raison d’ordre humanitaire. Le CCD sollicite en outre la possibilité de vous rencontrer afin de vous exposer ses préoccupations vis-à-vis de la Loi sur l’immigration. Nous entendons parler, pratiquement chaque semaine, de refus de visa d’immigrant pour motif de déficience. Aujourd’hui, cette perception négative des personnes handicapées n’est plus acceptable au Canada.

Dans l’attente, je vous prie d’agréer, monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs.


Marie White
Présidente nationale