L'immigration et les personnes handicapées

23 mars 2012

 

Membre du Parlement

Chambre des communes

Ottawa, ON

K1A OA6

 

Madame, Monsieur,

 

Le ministère Citoyenneté et Immigration Canada vient encore de prouver aux Canadiens qu’il n’acceptera pas une autre personne handicapée au pays.  Dans son article « Fight to keep autistic boy in Canada » du 16 mars 2012, la journaliste Carmela Fragomeni du Hamilton Spectator, explique que le gouvernement refuse d’accorder le statut de résident permanent à la famille Kim parce que leur fils de douze (12) ans est autiste et pourrait, selon l’actuelle politique sur l’immigration, «devenir un fardeau excessif » pour les services sociaux et de santé.  Sungsoo Kim qui travaille en T.I., est arrivé au Canada comme étudiant, y est resté grâce à un permis de travail et réclame à présent la qualité de résident permanent.

 

Les Canadiens se demandent pourquoi un pays qui célèbre les contributions de Rick Hansen, Terry Fox, du Lieutenant gouverneur David Onley et d’autres personnes handicapées, refuse le statut de résident permanent à une famille cherchant à se bâtir un avenir au Canada et ce, à cause de la déficience de leur enfant.  Le Conseil des Canadiens avec déficiences (CCD), une organisation nationale de défense des droits des personnes handicapées, veut attirer votre attention sur cette affaire qui cristallise l’approche injuste et irrationnelle appliquée par le système canadien de l’immigration vis-à-vis des personnes handicapées.

 

Ce système s’est traditionnellement basé sur des stéréotypes négatifs pour exclure les femmes, les gais et lesbiennes, les immigrants des pays non européens et hors chrétienté.  Le Canada avait refusé d’accueillir des milliers de Juifs fuyant l’Allemagne nazie. Depuis, le système d’immigration avait été modifié pour en supprimer toute partialité sexiste, homophobe, xénophobe et religieuse.  Et alors que le Canada accueille désormais des candidats de ces groupes autrefois marginalisés, pourquoi le ministère de l’Immigration continue-t-il à exclure les personnes handicapées en appliquant des normes désuètes et dérogeantes lors de l’évaluation de leurs candidatures.

 

Le système d’immigration cherche à établir le coût des limitations fonctionnelles en soins et services sociaux et de santé.  Cette stratégie occulte carrément les contributions que peuvent apporter les personnes handicapées et voile le fait que tout nouvel arrivant peut aussi acquérir une déficience ou une maladie chronique et dépendre alors des services sociaux et de santé.  Ces pratiques sont basées sur un postulat erroné selon lequel les personnes avec des limitations fonctionnelles constituent un fardeau pour la société à laquelle on les juge incapables de contribuer.  Ces pratiques perpétuent les préjugés négatifs et dévalorisent les Canadiennes et les Canadiens avec des déficiences.

 

Le Canada s’est débarrassé de ces stéréotypes excluant l’immigration d’autres groupes de personnes.  Il est temps que le système de l’immigration élimine la discrimination pour motif de déficience dans son processus décisionnel.  Il est temps que le gouvernement du Canada commence à appliquer la Convention relative aux droits des personnes handicapées qui, entre autres, affirme les droits de citoyenneté et de mobilité des personnes handicapées.  Le CCD vous exhorte, en tant que Membre du Parlement, de devenir le porte-étendard d’une réforme du système de l’immigration instaurant des pratiques éthiques et inclusives à l’égard des personnes handicapées.

 

Dans l’attente, veuillez agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

 

Tony Dolan

Président